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Sortir de l’impasse : l’histoire d’un ancien combattant

08 novembre 2019

Quand la police l’a arrêté, les agents ont saisi son véhicule et tout ce qu’il contenait en échange d’amendes impayées. Avec seulement 100 $ en poche, il a dépensé 75 de ces précieux dollars dans une chambre pour la nuit, son véhicule étant sa maison et sa seule possession. N’ayant nulle part où aller et personne vers qui se tourner, il n’a pas eu d’autre choix que de rester dans un refuge pour personnes sans-abri de Montréal pendant un certain temps et même, de passer quelques nuits dans la rue.

Cette histoire est celle de Jean-Maurice, père de famille, charpentier de métier et ancien combattant des Forces armées canadiennes. Comme beaucoup d’anciens combattants, Jean-Maurice a eu sa première affectation à l’âge de 18 ans et a vu des choses auxquelles personne ne peut se préparer. Envoyé en tant que Casque bleu dans une mission de maintien de la paix de l’ONU à Chypre, il croyait qu’il allait là pour arrêter la guerre, mais la réalité l’a rapidement rattrapé. « J’ai vu des corps pourrir au soleil, des amis mourir à côté de moi de blessures par balle. Beaucoup de morts et de traumatismes. C’est là que l’on réalise que la guerre, c’est la guerre, explique-t-il. Je n’ai pas de diagnostic de SSPT, mais quand j’ai du mal à dormir la nuit, je vois ces images dans ma tête. »

Jean-Maurice s’est marié, a eu deux garçons et a gagné sa vie comme menuisier, travaillant pour une grande compagnie nationale de transport. La perte d’un fils a marqué le début d’une dépression, d’un sentiment de culpabilité et d’une séparation dans la famille. « J’ai travaillé dans différentes provinces et j’ai fini par me retrouver à Montréal avec rien d’autre que ma camionnette avec tous mes outils et quelques autres objets à l’intérieur. C’est là que je dormais et quand on me l’a prise, je n’avais nulle part où aller. J’ai tout perdu, se souvient-il. Avec l’aide d’un avocat, j’ai pu me libérer de mes amendes impayées, mais il était trop tard pour récupérer ma camionnette et mes biens. Ils m’ont dit que j’avais neuf jours pour récupérer mes choses après la saisie. »

Après avoir passé quelques nuits dans la rue, il a obtenu une adresse au Sac à Dos afin d’accéder à l’aide sociale et à un logement, mais il a rapidement dû déménager en raison de conditions de vie insalubres. Il s’est retrouvé à la Maison du Père, où il a vu une affiche pour le programme Les Sentinelles de rue de la Mission Old Brewery à l’intention des anciens combattants. « Je les ai contactés immédiatement et la conseillère en intervention m’a aidé à obtenir un logement subventionné dans le cadre du programme. Ils ont vérifié mon statut d’ancien combattant et environ deux mois plus tard, j’avais un appartement. Cela n’a pas été facile de trouver un endroit abordable avec des conditions de vie décentes, mais nous avons réussi à trouver », raconte Jean-Maurice.

Sa conseillère en intervention, Marie Henninger, lui rend visite environ toutes les trois semaines dans le cadre du suivi psychosocial continu du programme. « Il n’est pas nécessaire de visiter Jean-Maurice trop souvent, car il est très indépendant. Les visites psychosociales visent surtout à s’assurer qu’il reste logé, ce qui signifie qu’il faut veiller à ce que les frais majeurs comme le loyer sont pris en charge, et vérifier d’autres éléments en apparence plus mineurs, mais tout aussi importants comme les activités sociales pour le tenir occupé et l’aider à se réinsérer dans la communauté », explique Marie.

Installé dans son appartement actuel depuis février 2019, Jean-Maurice est heureux d’y vivre. « La Mission m’a aidé à sortir du trou dans lequel je me trouvais pour me mener vers un endroit meublé à moi, mentionne-t-il. Ils m’ont beaucoup aidé et je ne sais pas où je serais aujourd’hui sans eux. »

Ayant renoué avec sa famille, Jean-Maurice espère lui rendre visite en Alberta, où elle vit, dans un avenir rapproché. D’ici là, il continuera de recevoir l’appui de la Mission pour demeurer dans un lieu où il peut se sentir chez lui.


Pour en savoir plus sur le programme, visionnez notre équipe des Sentinelles de la rue qui explique le besoin pour des services adaptés aux anciens combattants sans-abri, ou lisez le communiqué de presse ici.

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