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Des ateliers d’art collectif contribuent au rétablissement des personnes sans-abri

24 décembre 2018

Des résidents de la Mission Old Brewery réalisent un court-métrage en collaboration avec une équipe de l’UQAM

Le lancement du film Ville de partage : Portrait de ma liberté, reflet de mon âme, le 11 décembre dernier, soulignait un projet de collaboration entre l’UQAM et la Mission, initié en 2015. La vidéo, le résultat des ateliers d’art collectif menés par la Faculté des arts de l’UQAM et offerts aux résidents du Pavillon Webster cet automne, représente un montage d’images et de sons captés à travers la ville du point de vue d’hommes en situation d’itinérance.

« Les ateliers nous permettent de travailler le rétablissement d’une autre façon. En prenant du recul sur leur quotidien en tant que personnes en situation d’itinérance, les participants, d’une certaine manière, se sortent de l’itinérance pendant ce moment », constate Matthew Pearce, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery. « Cela joue sur l’identité de la personne, en agissant comme rappel que nous sommes tous des êtres pensants et créatifs. Les gens sortent des ateliers un peu plus légers et plus ouverts d’esprit, ce qui, ensuite, les aide dans leurs démarches pour réintégrer la société. »

Une formule imaginative

Les séances adoptent une formule de déambulation et ensuite d’analyse et de sélection d’images d’après la thématique développée en groupe, encadré cet automne par Yannick Guéguen, intervenant artistique de l’UQAM. Celles-ci permettent non seulement un retrait de la vie quotidienne pour les participants, mais également de contribuer à des recherches sur le rôle de la création dans le rétablissement des personnes fragilisées et marginalisées.

D’après Mona Trudel, professeure à l’École des arts visuels et médiatiques et chercheure principale de l’étude La contribution de l’art au rétablissement et à l’inclusion sociale de personnes marginalisées, l’approche privilégiée dans les ateliers, centrée sur la création artistique, les forces et les intérêts des participants, contribue sans aucun doute à développer le potentiel de chacun. « Les ateliers ne changent peut-être pas la vie de ces hommes, mais je constate qu’ils font une différence. Donner à certains d’entre eux le goût d’apprendre, de s’engager dans un projet, de découvrir de nouvelles choses et d’actualiser leur potentiel, ce n’est pas rien ! », affirme-t-elle. « Au moment où ils visionnent les premières ébauches du film collectif, les participants s’approprient le contenu : c’est leurs images et c’est leur voix, c’est leur réponse esthétique à un questionnement sur ce qu’ils veulent dire et montrer de la ville. »

Un bien-être accru

Pour Sharif, un des participants, les ateliers apportent un sentiment d’appartenance. « Au tout début, je sentais que je n’en faisais pas partie et je ne voulais pas m’impliquer. Mais je me suis aperçu que d’être ouvert, ça aide à regarder les gens avec un œil différent et à ne pas les juger. Ensemble, on apprend qu’on a tous un petit quelque chose en commun. »

Jovy, lui, retrouve un sentiment d’acceptation grâce au contact humain. « Pendant ces deux heures, les gens qui se sentent seuls peuvent se sentir comme quelqu’un, parce qu’ils reçoivent de l’écoute. Le dernier jour a été très important pour moi. Les gens ont accepté plusieurs de mes idées, ce qui m‘a fait beaucoup de bien. »

Découvrez plus de témoignages de participants et un compte-rendu du lancement en lisant cet article dans Le Devoir.

Recherches de l’UQAM

Ce projet résulte d’une étude de faisabilité en 2015 pour évaluer l’implantation des ateliers de création, faite à la demande du Docteur Pierre Lauzon et fait partie de la recherche La contribution de l’art au rétablissement et à l’inclusion sociale de personnes marginalisées (UQAM), financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). L’étude a été initiée par des chercheures du domaine des arts et se fait en collaboration avec un co-chercheur du CHUM et des collaborateurs de l’Hôpital Saint-Luc.

« Les prises de photos et les captations sonores lors des déambulations urbaines artistiques ou des visites dans les musées et les galeries sont autant d’occasions de permettre aux participants de vivre une expérience positive dans laquelle ils peuvent être reconnus autrement que par le marqueur identitaire réducteur lié à leurs problèmes de santé mentale, de toxicomanie et/ou d’itinérance. » (Trudel, Cabot, Lauzon, 2018)

Visionnez les trois courts-métrages produits cet automne et lisez davantage sur les ateliers ici.

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