Photo : Sarah Mongeau-Birkett, Archives La Presse
Cette lettre vise à réagir à la chronique de Maxime Bergeron, parue le 24 octobre et intitulée « Encore plus d’itinérants au centre-ville ? ». Cette chronique portait sur deux projets de la Mission Old Brewery au centre-ville : une nouvelle résidence et un point de service en santé.
Montréal comptait 4700 personnes en situation d’itinérance en 2022, en hausse de 33% depuis 2018, et leur nombre augmente sans cesse.
L’aggravation de la situation découle d’une combinaison de facteurs incluant la pénurie de logements abordables et le manque criant d’accès à des services de santé adaptés. Il manque des milliers de logements abordables à Montréal, il faudra des années pour les construire. Que devons-nous faire d’ici là?
Depuis des années, la Mission Old Brewery met sur pied et gère des résidences aux quatre coins de la ville, que l’on pense à la Place Tenaquip à Lachine, au Pavillon Mirella et Lino Saputo dans Saint-Michel, au Pavillon Lise-Watier dans Hochelaga-Maisonneuve ou aux Voisines de Lartigue sur Le Plateau-Mont-Royal.
La cohabitation de ces résidences avec le voisinage se déroule très bien. Les résidents bénéficient d’un environnement sécurisant et chaleureux, d’activités communautaires et de la présence constante sur place de nos équipes de soutien. Cet environnement stable leur permet d’entrevoir enfin un bien-être à long terme.
44 % des personnes en situation d’itinérance visible à Montréal avaient 50 ans et plus. Tel que discuté avec de nombreux acteurs dans le coin, le nouveau projet résidentiel que nous proposons dans le Quartier chinois permettrait (si nous réussissons à compléter l'acquisition) à 60 personnes âgées en situation de précarité d’éviter la rue, de se loger dignement et de bénéficier sur place de nos équipes de soutien, dans un quartier où peu d’options locatives sont disponibles. Nous explorons aussi la possibilité d’accueillir dans le même édifice des organismes communautaires qui offrent leurs services à la population du quartier.
Les personnes en situation d’itinérance chronique sont souvent mal desservies par le système de santé. Le manque de soins est un écueil majeur pour une vie stable en logement. Une offre de soins et de services de proximité accessible, adaptée et humaine est donc essentielle.
Bien que les détails de notre projet restent toujours à finaliser, nous voulons contribuer à la solution. C’est en renforçant l’accompagnement des personnes les plus vulnérables et en favorisant leur accès aux soins et aux services adaptés que nous y parviendrons. Les expertises de toutes et des tous doivent être mises à profit, mais un centre d’injection supervisé sur ce site n’est pas envisagé.
Face aux défis actuels vécus par les personnes en situation d’itinérance avec le système de santé actuel, la mise en place d'une infrastructure adaptée est requise pour éviter les portes tournantes et diminuer la pression sur le milieu hospitalier.
Il faut reconnaître la position délicate dans laquelle Montréal se trouve. On sent clairement le désir de plusieurs acteurs du milieu d’affaires, du communautaire et du public de passer à l’action. C’est encourageant!
L’expansion des services de soins et de logements constitue une avenue essentielle pour renverser la hausse de l’itinérance et retrouver des espaces publics sécuritaires. Alors que les résidents et les résidentes du centre-ville expriment légitimement des préoccupations en matière de sécurité, l’inaction ne peut être une option.
Les projets pour mieux loger, soigner ou aider les personnes vulnérables ne sont pas une menace, mais une solution éprouvée qui bénéficie à l’ensemble de la communauté. La Mission Old Brewery s’engage à continuer ses consultations avec le voisinage et à maintenir un dialogue ouvert, comme il l’a fait ailleurs avec succès.
Face à l’urgence de l’itinérance, nous avons la responsabilité collective de choisir : bâtir des murs ou tendre des ponts. À la Mission Old Brewery, nous croyons que la véritable grandeur d’une société se mesure à sa capacité à ne laisser personne derrière. C’est un travail exigeant, certes, mais essentiel.